Manque pas d'aires !
En temps normal, y'a toujours des choses étonnantes à observer sur les aires d'autoroute. En temps normal... Là, en ce premier week-end d'octobre et vu le temps justement pas bien normal et plutôt pourri, la route est déserte et les aires aussi. Montant à St Gervais (voir plus bas) je décide de m'arrêter, titillé par ma prostate défaillante, pour évacuer quelques gouttes de mon thé du matin et quotidien. Une voiture est déjà à l'arrêt et s'apprête à repartir. Ravi de la situation je me réjouis d'avance de pouvoir satisfaire dans le calme et la sérénité l'envie maintenant pressante de ma petite entreprise et me dirige d'un pas léger vers cette merveilleuse architecture. Seul dans l'endroit proposé à cet effet, j'avise les lieux déserts et file, pour une fois, vers les pissotières plutôt que dans une cabine où trop souvent quelques étourdis ont oublié un souvenir encombrant autant qu'odorant. Après quelques gouttes laborieusement dispersées de ci de là, quelle n'est pas ma surprise, et mon désespoir, d'entendre dans mon dos le grincement de la porte. Fixant le mur où une affiche, épouvantable, me vente les mérites de l'abonnement autoroutier, je tends mon oreille de lynx (ben après tout ils ont les oreilles certainement très fines aussi) et comprends que le visiteur opte pour une cabine, en toute logique bien française. On notera ici que le français aime à s'éloigner le plus possible de ses congénères, contrairement à d'autre peuple qui eux ne peuvent s'empêcher de venir se coller à autrui. Une étude démontrait que dans un bus où se trouvait une seule personne, le français se plaçait le plus loin possible (à moins que ce soit un canon atomique !) alors que le marocain, par exemple, s'asseyait à côté d'elle. Bref, quelques secondes et quelques gouttes plus tard, la porte se remet à grincer. Et le nouveau visiteur se place cette fois-ci à mes côtés, ôtant toute efficacité à la tache que j'essaie d'accomplir avec toute les difficultés du monde. Quel con ! me dis-je, j'aurai mieux fait d'aller dans une cabine comme d'habitude, malgré les risques encourus. Coincé devant mon affiche, je me mets en devoir de la lire du début à la fin avant de me rendre compte du coin de l'œil que mon voisin de vidange me regarde plus que de raison. Pour finir par passer la tête par dessus le muret qui nous sépare en observant ouvertement, et avec envie n'en doutons pas, ma bestiole qui continue à n'en faire qu'à sa tête refusant obstinément d'assurer son rôle évacuateur. Outré et me demandant s'il n'y avait pas dans cette observation quelque peu déplacée une certaine gourmandise de sa part je me tourne et lui demande d'un ton agacé : "Un problème ?". Et le bonhomme sans se démonter de me répondre sur le ton d'un gus comparant la panne moteur d'un collègue à la sienne : "Problème de vessie". "Oui, m'enfin bon... problème de prostate moi" m'entends-je lui répondre. Et de remballer mon matériel défaillant pour repartir, la queue entre les pattes et toujours mon envie inassouvie, en me disant qu'à choisir j'opterai pour les cabines parfumées la prochaine fois. Quand même, y'a des tordus même au milieu de nul part... Manquait juste que le mec dans la cabine à côté s'invite dans la conversation pour nous avouer que lui avait des problèmes d'hémorroïdes ! On croit rêver... Bon allez, je vais m'essayer au cake moi maintenant.
"Non Robert, aucun rapport. Et je ne veux pas en entendre plus, j'te vois venir...".
Et donc, si vous êtes sage et que vous insistez je vous donnerai la recette... quand je jugerais qu'elle est au point.